-
Auteur : Piers Torday
-
Poche: 352 pages
-
Editeur : Hachette Romans (2 juillet 2014)
-
Collection : Aventure
commenter cet article …
Description de l'ouvrage :
June est un prodige. À quinze ans, elle fait partie de l'élite de son pays. Brillante et
patriote, son avenir est assuré dans les hauts rangs de l'armée.
Day est le criminel le plus recherché du territoire. Originaire des quartiers pauvres, il
sévit depuis des années sans que les autorités parviennent à l'arrêter.
Issus de deux mondes complètement opposés, June et Day n'ont aucune raison de
se rencontrer... jusqu'au jour où le frère de June est assassiné.
Persuadée que Day est responsable de ce crime, June va le traquer...
Mais est-elle prête à découvrir la vérité ?
Mon avis :
Une planète dans la tête de Sally GARDNER
Service presse partenariat Gallimard « On lit plus fort ».
Présentation de l’éditeur :
« Je me demande si…
Si le ballon de foot n’était pas passé par dessus le mur.
Si Hector n’était pas allé le chercher.
S’il n’avait pas gardé l’abominable secret pour lui.
Si…
Alors, je me raconterais sans doute une autre histoire.
Voyez-vous, les « si » sont comme des étoiles, innombrables. »
Depuis que ses parents ont du fuir la répression d’un gouvernement brutal, Standish vit avec son grand-père dans la « zone 7 », celle des impurs, privés de tout, surveillés en permanence… Dyslexique, il subit à l’école brimades et humiliations jusqu’au jour où il se lie d’amitié avec son nouveau voisin, Hector. Ensemble, ils rêvent de s’évader sur Juniper, la planète qu’ils ont inventée. Mais Hector et ses parents disparaissent sans laisser de trace… Ont-ils été supprimés ?
Mon avis :
Depuis les Hunger Games, les étales des libraires et des bibliothèques regorgent du genre dystopique et pourtant, même si la couverture et le synopsis font penser à ce genre, je ne dirai pas que ce roman relève de ce genre. Pour moi, c’est de la science-fiction flirtant avec la dystopie ET l’uchronie. Pourquoi ? Nous sommes dans le passé (1959) dans un pays non identifié mais l’homme va marcher sur la lune et on retrouve les militaires vus durant la Seconde Guerre Mondiale côté Reich donc une société totalitaire où le fascisme existe encore ce qui donne un côté rétro futuriste au récit.
Sally Gardner s’amuse donc à manipuler l’Histoire en y faisant de très nombreuses références. Elle a donc pour vocation, avec son roman, de nous faire réfléchir sur notre société. En effet, les parents de Standish puis Hector et sa famille disparaissent ; la dictature et l’embrigadement règnent à l’école, les militaires patrouilles dans les rues ; il y a un couvre-feu et la population meure de faim dans la zone 7, celle des impurs. Cela m’a fait penser aux ghettos des Juifs de triste réputation. La lune est le symbole de la lutte entre les puissances planétaires. Elle est synonyme de force : la conquérir c’est asseoir sa suprématie sur les autres.
Concernant le personnage principal, Standish s’exprime avec des mots simples mais percutants car choisis ce qui donne de l’ampleur à ses propos. Les mots simples sont ceux qui frappent le plus fort et le plus durablement l'esprit. Néanmoins, les descriptions sont rares et les chapitres sont courts (de quelques lignes à 4 pages maximum) ce qui laisse une grande place à l’imagination des lecteurs !!
Au-delà de l’histoire en elle-même, Standish est le porte-parole des enfants dylexiques. Il est rejetté par ses camarades car, à 14 ans, il ne sait toujours pas lire et écrire. Il est rejeté pour sa différence, déconsidéré par son professeur et relégué au fond de la classe. Pourtant, il est celui qui rêve, qui écoute attentivement les autres et possède un vocabulaire plus étendu que les autres enfants de son âge. C'est donc un message de combat pour la différence que nous propose l'auteur (elle-même dyslexique).
Ce livre d’apparence simple est en fait dur, très dur à cause de la violence ambiante et éprouvant : l’horreur se dévoile petit à petit. Les chapitres courts, percutant avec un style sensible, touchant et fort. La construction du roman se met en place petit à petit et la réflexion qui en naît met en lumière la puissance du message véhiculé. Sally Gardner focalise son roman sur la fureur de la jeunesse, le combat pour l’égalité, la différence. La force de Standish réside dans son imagination qui ne peut être contrôlé par la Patrie : c’est par l’imagination que naît l’espoir et donc la force de lutter contre le totalitarisme de la société dans laquelle l’on peut vivre. Le message du roman est universel.
C’est un livre qui ne laisse pas indifférent ; il véhicule un message d’amour à la famille, à l’amitié et derrière la noirceur se cache la tolérance et l’espoir.
Merci aux éditions Gallimard pour l’envoi de cette épreuve non corrigée qui paraîtra en librairie le 26 septembre.